Analyse Juillet 2022
L’inflation, objectif principal des banques centrales
Vidéo réalisée en collaboration avec Le Temps
Pendant une dizaine d’années, l’inflation avait disparu dans les pays occidentaux. Les banques centrales cherchaient désespérément à la réanimer, pour qu’elle atteigne le niveau idéal de 2% par an. Puis la pandémie de covid et la guerre en Ukraine ont tout changé.
Les prix ont augmenté de 8.3% aux Etats-Unis en avril et de 8.6% en mai, en rythme annuel. Cela ne s’était plus vu depuis 1980. La situation n’est guère meilleure en Europe, où le taux d’inflation a bondi à 8.1% en mai.
Ce retour de l’inflation a commencé à la sortie de la pandémie. En résumé, les entreprises n’arrivaient pas à répondre à la subite reprise de la demande. Autre problème, l’acheminement des marchandises à travers le monde est resté perturbé, ce qui provoque des pénuries et pousse également les prix à la hausse. Ces tendances ont été accentuées par la guerre en Ukraine, qui a fait exploser les prix du pétrole, du gaz et de nombreux produits agricoles. Enfin, certaines parties de la Chine ont à nouveau été confinées en raison de la stratégie très restrictive menée par le gouvernement de Xi Jinping.
L’inflation devrait donc atteindre les 6% au niveau global en 2022. C’est nettement plus que les 4% auxquels on s’attendait en janvier. Mais ça, c’était avant la guerre.
En conséquence, le pouvoir d’achat des consommateurs souffre et les perspectives de croissance au niveau mondial sont revues à la baisse. La progression du produit intérieur brut mondial devrait modérément dépasser 2% cette année, alors qu’on la prévoyait à plus de 4% en janvier.
La Suisse, une exception
Dans ce sombre tableau, la Suisse fait une nouvelle fois figure d’exception. L’inflation s’y est élevée à 2.9% en mai, sous l’effet de la hausse des prix du mazout et des carburants en particulier. Si l’inflation reste relativement basse en Suisse par rapport au reste du monde, c’est parce que notre pays dispose d’un atout fort : le franc.
Le franc fort complique la vie des entreprises suisses qui exportent, car leurs produits deviennent plus chers pour les clients étrangers. Mais il a aussi l’immense avantage de rendre moins chères les importations de produits étrangers en Suisse. Notre monnaie nous protège donc de l’inflation dite “importée”. Et la croissance ne devrait pas piquer du nez sous nos latitudes, mais rester proche de 2.5%, en ralentissement modéré par rapport à 2021.
Comment lutter contre cette inflation qui plombe nos portefeuilles?
Relever les taux d’intérêt peut aider à dompter l’inflation. C’est ce que cherche à faire la Réserve fédérale américaine. Le 15 juin, elle a nettement augmenté ses taux à court terme. Le Royaume-Uni en a fait de même et la Banque centrale européenne va leur emboîter le pas.
Problème : renchérir le coût de l’argent pénalise aussi la croissance qui, on l’a vu, n’est déjà pas au meilleur de sa forme dans le monde. Les banques centrales doivent donc trouver un subtil équilibre, pour dompter l’inflation sans provoquer une récession. Les experts parlent d’« atterrissage en douceur » de l’économie.
Notre Banque nationale a elle aussi décidé d’agir, en faisant passer son taux directeur de -0.75% à -0.25% le 16 juin dernier. Mais elle doit jongler avec une dimension supplémentaire, puisqu’un relèvement de ses taux d’intérêt contribue à renchérir encore le franc, ce qui pénalise les exportations, et pèse donc sur la conjoncture économique.
Pour l’instant, plusieurs pays ont décidé d’atténuer l’impact de l’inflation via des programmes d’aide aux populations plus vulnérables, comme cela avait été le cas durant la pandémie de covid.
Fig. 1. L’inflation depuis 2015 aux Etats-Unis, à l’Union européenne et en Suisse
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